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Les
paradoxes de la sixième guerre
Le nouvel
environnement régional
Cette sixième guerre que
mène l’État hébreu, s’est terminé sans vainqueur ni vaincu. Elle
marquera le point de départ d’un changement dans l’environnement régional
et les rapports avec les groupes armés au Moyen-Orient. Ce conflit aura un
impact sur l’équilibre fragile des forces dans la région car elle modifiera
non seulement les rapports avec les groupes
armés au Liban en Irak et en Palestine, voire ailleurs, mais aussi aura un
impact sur les régimes modérés dans le monde arabe comme c’est le cas en
Egypte.
« C’est une guerre à
somme nulle », écrit le JCSS.
Les paradoxes de cette guerre sont multiples. Au lieu d’être une guerre
courte et rapide, elle s’est installée dans la durée et a altéré l’image
puissante du Tsahal. Les forces israélienne sont alors confrontées au défi
des milices chiites. Cette puissance se trouve impuissante face à quelques
combattants du Hezbollah et la grosse machine de guerre israélienne n’a pas
pu écraser ce petit groupe d’une armée de l’ombre. Au lieu de renforcer la
puissance israélienne, cette guerre a créé une fissure dans le solide mythe
de Tsahal. Elle fait ainsi surgir l’évidence de l’érosion de la dissuasion
israélienne. Nous assistons pour la première fois au fait que la doctrine de
la dissuasion israélienne est brisée par le défi d’un groupe armé et non
pas par une armée régulière. L’image de Tsahal est alors affaiblie et les
forces israéliennes sont montrées du doigt par les populations israéliennes.
Je tente d’analyser
l’impact de cette guerre sur le plan régional. D’abord
l’effet néfaste de cette guerre sur la dissuasion israélienne dans la
région. En deuxième lieu les profits que le Hezbollah attendait et qu’il a
pu relever. En troisième lieu, le renforcement du rôle de Téhéran dans la sécurité
régionale. Enfin, l’affaiblissement des régimes arabes modérés dont
l’Egypte en est l’exemple. Enfin l’affaiblissement de l’influence américaine
et le possible retour des Russes dans la gestion des crises au Moyen-Orient.
Malgré ses lourdes conséquences,
l'offensive terrestre au Liban était, selon M. Olmert, « inévitable ».
Reconnaissant pour la première fois les « échecs »
d'Israël dans la guerre au Liban, Ehoud Olmert déclare :
« Nous n'étions pas préparés comme nous aurions dû l'être.
Nous n'avons pas toujours obtenu les résultats escomptés. Il y a eu des
manquements, voire des échecs. Même si le bilan général est positif, nous ne
devons pas masquer ces défaillances », déclare le Premier ministre.
Il souligne que « la guerre n'est pas totalement finie et que les
menaces peuvent reprendre ». Visant plus particulièrement l'Iran, qui
soutient le Hezbollah libanais. M. Olmert ajoute : « Nous devons nous
préparer à la menace que représente l'Iran et son président, qui est un
ennemi haineux d'Israël ».
Le conflit éclate le 12 juillet
et le 11 août 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte, sa 1701ème
résolution. Élaborée par Paris et Washington, cette résolution appelle à un
cessez-le-feu au Liban sud.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert ordonne à l'armée, le jour même de
la résolution de l’ONU, de lancer une offensive terrestre en profondeur au
Liban. Israël met fin à son offensive, contre les milices de Hezbollah, le 14
août au matin. Cette deuxième guerre de Tsahal au Liban est la sixième qui
l’implique dans une guerre directe contre l’un des pays voisins.
«Aucune armée au monde n'aurait pu désarmer le Hezbollah
avec seulement des moyens militaires. Nous savions qu'un effort parallèle
serait nécessaire sur le plan diplomatique», explique
Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères. « Nous
avons fini plus ou moins vainqueurs sur le plan politique et militaire », déclare
Shimon Pérès. Le tout est dans le « plus ou moins »
de l’ancien Premier ministre Shimon Pérès. Du point de vue gains et pertes,
le moins sera du côté des Israéliens, des Américains et des régimes
arabes modérés, tandis que le plus sera du côté du Hezbollah, des
Iraniens et des Russes.
Tsahal a mené 34 jours d’opérations
et une offensive terrestre au Liban sud, sans vraiment mettre fin aux 3500
Katiouchas tirés par les combattants de Hezbollah. L’ennemi de Tsahal, qui a
pu tirer sur les populations jusqu'à Haïfa, la troisième ville du pays, et qui a
fait des victimes, a pu toucher des navires israéliens au large des côtes
libanaises. Les combats contre le Hezbollah ont coûté la vie à 119 soldats et
41 civils. Une vingtaine de chars de la quatrième armée la plus
puissante sur terre sont détruits. Pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe,
survenue suite à la création d’Israël en 1948, les autorités décident d'évacuer
les arrières.
La ville frontalière de Kyriat
Shmona, est alors quasiment vidée de ses 24.000 habitants. La tâche semblait
si compliquée que le cabinet de sécurité a décidé d'élargir son offensive
terrestre et de déverser des milliers de soldats au Liban sud pour tenter de
prendre le contrôle d'une zone de sécurité "nettoyée" des nids de
résistance chiite. Les difficultés de
Tsahal au Liban sud déclenche des divisions dans la classe politique israélienne.
Au sein même du gouvernement, de graves dissensions sont apparues lors du débat
du cabinet de sécurité le 10 août 2006, entre d’une part les partisans
d'une ligne dure soutenue par l'armée et d’autre part les plus modérés.
Autre indice de malaise, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui
devait se rendre à New York pour des discussions sur un cessez-le-feu, a dû y
renoncer sur ordre de M. Olmert. L'opposition de droite, qui jusqu'à présent
s'était rangée derrière le gouvernement, a, un mois après le début de la
guerre, repris ses attaques contre le Premier ministre Ehud Olmert, auquel elle
impute les revers militaires et diplomatiques de la campagne. Dès le début de
la guerre, la presse israélienne est critique, l'opinion est devenue peu à peu
très sceptique et au sein même du pouvoir, les frictions apparaissent au grand
jour. « Olmert doit démissionner », écrit Ari Shavit dans
le quotidien Haaretz. « Il n'y a pas une seule erreur qu'Ehud
Olmert n'ait commise . Il est entré avec arrogance en guerre sans en peser
les conséquences. Il a suivi aveuglément les militaires (..) et après
s'être précipité dans le conflit il l'a géré avec hésitation »
note Ari Shavit. Le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot donne pour
sa part un large écho aux interrogations des soldats en campagne au Liban sud. « On
ne nous a fixé aucun objectif clair. Les soldats n'ont pas la moindre idée de
ce qu'on attend d'eux, alors les rumeurs vont bon train. Un jour, il s'agit
d'attaquer Tyr, un autre de rentrer à la maison », confie un
capitaine de réserve au Yediot Aharonot. « Le plus dur, c'est
l'incertitude », en référence au feu vert annoncé début août par
le gouvernement, à une extension de l'offensive, qui n'a pas été suivi
d'effet immédiat.
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