Mohamed Abdel Azim Israël et la bombe atomique, la face cachée de la politique américaine, 2006

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Extraits de l’ouvrage  

Dans son ouvrage le journaliste* d’investigation revient sur une période clé de l’histoire régionale et intrnationale. Il montre qu’en mai 1967, un avion Mig-21 égyptien survole le site. Il est abattu alors que les Israéliens commencent la production de la bombe nucléaire.

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......... (...)  La vraie nature de Dimona semble échapper aux Américains mais pas aux Égyptiens. Nasser met tout en oeuvre pour arrêter le réacteur et détruire le site de Dimona. Autour du 26-27 mai 1967, une opération d’attaque limitée est préparée par les Égyptiens en coordination avec les Syriens afin de frapper le réacteur de Dimona. Appelée opération de l’aube, elle devait avoir lieu le 28 mai 1967.  (....) 

Une intervention soviétique de la dernière minute aurait aboutit à l’annulation de l’opération d’attaque. Le 25 mai 1967, le raïs qui sait que Dimona entre dans sa phase de production, prépare une attaque et place ses troupes tout au long du canal. L’armée de l’air côté égyptien est prête pour une première frappe. Les fronts syrien et jordanien sont en alerte maximum. On s’achemine vers la guerre et c’est la crise.

(....) Ces mouvements de troupes le long du canal de Suez, ainsi que l’escalade continuelle qui pousse Israël à lancer son attaque préventive est le signe sans conteste que sa doctrine de dissuasion semble déjà être un échec.

Nasser qui se trouve dans une situation militairement défavorable, vise à défier l’arsenal israélien et veut coûte que coûte arrêter son programme nucléaire. Le raïs envoie à deux reprises (le 17 et le 26 mai 1967), des missions de reconnaissance et l’aviation égyptienne survole le site de Dimona. Israël considère ces survols comme une possible volonté d’attaque du site. Il est difficile de prouver que Dimona est la seule raison de la guerre des Six jours. Il est aussi difficile de négliger son rôle primordial dans le déclenchement du conflit.

 

....... Cette guerre est le résultat d’un jeu d’interaction et des interprétations erronée des faits des deux côtés, Israéliens et Égyptiens. Le lendemain du survol de l’aviation égyptienne du site, Tel-Aviv ne cache plus sa volonté de se défendre. Devant l’escalade vers la guerre, le Président Johnson envoie une lettre au Premier ministre Eshkol lui demandant de ne pas mener une guerre contre les Arabes. 

La révolte des généraux

Le journaliste relate la tension entre Tsahal et pouvoir politique qui atteint son point culminant lors d’une entrevue extrêmement orageuse le 28 mai 1967, au QG, entre l’État-major israélien et le Premier ministre travailliste de l’époque Lévy Eshkol.

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(....) Lors de cette rencontre, que les historiens appellent la révolte des généraux, le général Sharon et d’autres officiers supérieurs exigent qu’Israël déclenche une guerre contre l’Égypte. Ils affirment qu’Israël doit absolument frapper le premier alors que l’Égypte concentre des forces dans le Sinaï et ferme le détroit de Tiran, sur la Mer Rouge Israël considère alors ces actions comme un casus belli.

(...) Eshkol résiste un temps en espérant une intervention internationale qui ne vient pas. Finalement, il donne le feu vert à l’attaque le 5 juin 1967.  Mohamed abdel azim souligne dans son livre qu’il y a alors mystérieux rapports envoyés de Damas au Caire selon lesquels les Israéliens massent des troupes tout au long des frontières. Mais Washington est formel et notifie aux Égyptiens que les Syriens leur donnent des rapports erronés sur la situation du front israélo-syrien.

(...) Les Américains ne parviennent pas à freiner Nasser. Washington se tourne alors vers Tel-Aviv et appelle à la retenue en demandant aux Israéliens de ne pas jeter de l’huile sur le feu. On dispose à Washington d'un rapport militaire, daté du 1er mai 1967, selon lequel les Israéliens ont une supériorité incontestable pour les cinq années à venir. Deux semaines avant la guerre, dans son rapport, daté du 23 mai 1967 et intitulé Overall Arab and Israeli Military Capabilities, la CIA parle d’une supériorité militaire israélienne dans tous les domaines.

 

Washington le savait (la CIA)

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(...) Lundahl raconte que durant les années suivantes, il n’y aura pas de questions supplémentaires sur le suivi de cette affaire. « Par la suite jamais personne n’est venu vers moi en me demandant la suite de mes rapports.

(…) Depuis, je n’ai plus jamais été sollicité pour effectuer un suivi sur quoi que ce soit en rapport avec le briefing sur Israël », explique Arthur C. Lundahl, lors d’une interview avec Seymour Hersh (1991, p. 54). Les U-2 continuent de survoler le désert de Néguev et le site de Dimona. Les Américains ont alors la certitude que les Israéliens sont au courant du survol des U-2 et qu’ils (les Israéliens) n’apprécient pas cette démarche. Brugioni exprime sa fascination pour la construction du complexe de Dimona et raconte que Washington a suivi les différentes étapes de construction et que la Maison-Blanche montre une attitude mystérieuse à ce sujet. « Pas une seule question lors des briefings, seulement un merci et une phrase typique : cela ne sera pas disséminé n’est-ce pas ? C’était cette attitude sans plus. »

(...) Dino A. Brugioni, l’autre expert d’analyse des photos prises par les avions U-2, prépare, à son tour, les éléments des briefings présidentiels et les fournit à Arthur C. Lundahl. Brugioni sait que l’Intelligence sur Israël monte jusqu’au sommet. C’est ce qui explique peut-être le fait que le site de Marcoule est survolé par les avions civils américains de façon permanente durant la fin des années 50. Ces avions sont équipés de caméras pour la prise de vues. Par ailleurs, des photos sont prises par des diplomates et des officiers américains travaillant à l’ambassade des États-Unis à Paris et sont analysées par la CIA. 

 

Saint-Gobain Nouvelles Technologie

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(....) Un événement crucial pour les Français et les Israéliens a lieu en 1951. Malgré l’opposition de Francis Perrin, Pierre Guillaumat, en tant qu’administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique, autorise la construction d’un réacteur capable de produire le plutonium nécessaire pour le fonctionnement de Saclay.

(...) La découverte d’un site d’uranium naturel près de Limoges facilite la tâche pour Guillaumat et Perrin. Les deux hommes trouvent ainsi un terrain d’entente et une alternative pour fabriquer l’uranium enrichi. Un an plus tard, commence la construction du réacteur de Marcoule, au sud de la France. C’est la GTN (Saint-Gobain Techniques Nouvelles) qui remporte le contrat de construction de la centrale de Marcoule.

(...) Ce réacteur marque un tournant dans les démarches pour la fabrication de la bombe. Des Israéliens sont alors associés dans la chaîne de production de l’uranium enrichi. Seymour Hersh précise qu’à cette époque, seuls Shimon Pérès et Ben Gourion sont favorables à la poursuite de la collaboration franco-israélienne dans le domaine nucléaire.

 

Espionnage de Marcoule

Extraits ...

(...) C’est ce qui explique peut-être le fait que le site de Marcoule est survolé par les avions civils américains de façon permanente durant la fin des années 50. Ces avions sont équipés de caméras pour la prise de vues. Par ailleurs, des photos sont prises par des diplomates et des officiers américains travaillant à l’ambassade des États-Unis à Paris et sont analysées par la CIA.

(...) Les Américains, pensent que le site de Dimona est suffisamment grand pour qu’il ne soit pas uniquement destiné à un simple centre de recherche. Couve de Murville, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une visite à Washington, assure le département d’État américain qu’il n’y a pas de raisons d’inquiétude.

En novembre 1959, un rapport de 10 pages de la CIA donne une analyse du potentiel du programme nucléaire français. Selon ce rapport, Paris est bien avancé pour la production de la bombe atomique et la mise en place des tests nucléaires. Il est à souligner que certaines parties du rapport sont rendues illisibles.  Il y a alors des Photos prises par le satellite de reconnaissance KH-7 du site nucléaire de Pierrelatte dans le sud de la France. (photo)

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*Mohamed Abdel Azim est docteur en Science politique et journaliste à EuroNews, auteur de plusieurs documentaires sur le Moyen-Orient et l'immigration. Collaborateur de Newropeans Magazine, il est correspondant de plusieurs hebdomadaires et quotidiens en langue arabe.

 Une lecture nouvelle avec un angle particulier. Basée essentiellement sur des documents historiques, cette lecture aborde, avec courage, un sujet sensible. Cet ouvrage clarifie les différentes facettes d'un objet atypique et polymorphe.

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http://books.google.com/books?vid=ISBN2296012795&id=t8zdX1keJuUC&pg=PP1&lpg=PP1&ots=PhNmPHDvW9&dq=mohamed+abdel+azim+isra%C3%ABl+et+la+bombe+atomique&sig=nmho17qRFKhlbJpSV0C7OdWrkXM#PPA59,M1