Comprendre le Moyen-Orient

 

 

 

 

 

 

 

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 Table des matières   

      Avant-propos.

Dans toute l’histoire régionale du Moyen-Orient et depuis la création de l’État hébreu en 1948, il manque officiellement, un chapitre important. Ce chapitre est celui des armes nucléaires israéliennes. Il complète le tableau et donne ainsi une vision plus claire de la manière dont se gère la conflictualité entre Arabes et Israéliens depuis cinquante ans. Ce chapitre qui manque est pourtant un socle lourd qui affecte directement les rapports et les relations entre les pays dans la région. Il affecte aussi le rôle des puissances internationales dans la gestion de la conflictualité régionale. Y a-t-il vraiment des armes nucléaires en Israël ? Telle est la question posée par Merav Datan[1]. Car au fond, hormis la question qui se pose de savoir si la politique de l’ambiguïté est une bonne ou une mauvaise chose, les Israéliens détiennent-ils vraiment des bombes atomiques ? 

[1] Merav Datan, “Relaxing the Taboo : Israel Debates Nuclear Weapons”, Disarmament Diplomacy, N. 43, février 2000.

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Avant-propos 7
Introduction 13

Qui parle de Dimona ?.16
Les difficultés. 18

Le partiellement introuvable 21

Comment le trouver ? 25

Définir sa forme et voir ses signes 26

Où trouver sa trace ? 28
 
 
 
 
 
 
 

Chapitre I.

Ben Gourion, Bergmann, Pérès

En 1948 et moins d’un an après la création d’Israël, les bases du programme nucléaire israélien sont jetées. Dès 1949, le professeur Israel Dostrovsky développe déjà un procédé de fabrication d’eau lourde comme le montre Stephen Green[2]. C’est ce que souligne aussi Andrew et Leslie Cockburn[3] ainsi que Dan Raviv et Yossi Melman[4]. Fruit d’une évolution particulière, Israël est aujourd’hui, un État à part dans la communauté internationale.

[1] Avner Cohen, “Most Favored Nation”, Bulletin of Atomic Scientists, Vol. 51, No. 1, janvier/février 1995, pp. 44-53.[2] Stephen Green, Taking Sides: America's Secret Relations with a Militant Israel, New York, William Morrow, 1984, 370 pages (pp. 149-150).[3] Leslie & Andrew Cockburn, Dangerous Liaison: The Inside Story of the US-Israeli Covert Relationship, New York, HarperCollins, 1991, 416 pages.[4] Dan Raviv, Yossi Melman, Every Spy a Prince: The Complete History of Israel's Intelligence Community, Boston, Houghton Mifflin, 1990, 466 pages. (Dan Raviv, correspondant de CBS News à Londres, Yossi Melman, journaliste israélien).

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Chapitre I      31
Ben Gourion, Bergmann, Pérès 31
L’aube de l’Histoire (1955) 34
La Conférence de Genève  35.
Le rapport Patterson  38
Vers la construction du réacteur  40
Le contexte international  42

Convergence d’intérêts  44

La construction de Marcoule   45
De Marcoule à Dimona  50
French connection  53
Shimon Pérès et Paris  56
 
 
 
 

Chapitre II

La CIA

Dès son arrivée au pouvoir en 1953, le Président américain Eisenhower fixe comme priorité l’espionnage aérien en direction de l’Union soviétique[1]. La deuxième étape est de développer un programme de reconnaissance via le fameux avion U-2 qui peut voler durant onze heures et couvrir une distance de plus de 15000 Km en haute altitude. Cet avion, livré par Lockheed Corporation à l’armée américaine le 25 juillet 1955, est opérationnel le 4 juillet 1956 sur une base américaine en Allemagne de l’Ouest [2]


[1] Rapport J. H. Carter, directeur adjoint, Lockheed Corporation, Strategic Reconnaissance, 30 novembre 1953. Source : National Security Archive, Electronic Briefing Book, N. 74, Jefferey T. Richelson, octobre 2002.  [2] Herbert I. Miller, Memorandum for : Project Director, Subject: Suggestions Intelligence Value of AQUATONE, 17 juillet 1956. Top secret, 3 pages. Source : National Security Archive. CIA 2000 release.

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Chapitre  II     59

La CIA    59

La construction de Dimona  63

Divisions et deux visions   66

Les craintes du général de Gaulle   68

La démission de McCone   71

The CIA Information Report   74

Le réacteur et ses fins pacifiques   76

La fin des doutes américains   79

Washington et la prolifération  81
 
 
 
 
 
Chapitre  III   85

Chapitre III

L’administration Eisenhower

Comme toutes les administrations américaines depuis celle de Harry S. Truman (1945-1953), l’administration Eisenhower s’est opposée à son tour à la prolifération des armes nucléaires. L’acte d’énergie atomique de 1946, consolide cette opposition en interdisant le transfert d’armes ou de technologies nucléaires définies comme restricted datas, ou prohibées à d’autres pays. L’année 1946, voit aussi la présentation par les États-Unis du plan Baruch. Ce plan, présenté aux Nations unies par l’ambassadeur américain Bernard Baruch en juillet 1946, a pour but de contrôler la nouvelle et naissante énergie atomique[1]. Cependant, l’administration Eisenhower, dès 1953, concentre ses efforts sur la politique d’industrie nucléaire intérieure et la question de l’interdiction de la prolifération nucléaire n’a pas la première priorité.

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L’administration Eisenhower   85
Les orientations Eisenhower   89

Eisenhower découvre Dimona 91

Ben Gourion fait l’annonce  95

Washington se contente de peu  99

Le rapport Gomberg         101

La transition (1960-1961)   103

L’inévitable prolifération       106

 
 
 
 
 
 
 

Chapitre IV

L’administration Kennedy

« Cher Monsieur le Président, pour toutes ces raisons, il est d’une importance primordiale, de fournir aux forces israéliennes de Défense les moyens d’une dissuasion pour décourager nos voisins de mener une guerre contre notre pays. » David Ben Gourion[1]

Dès l’arrivée de Kennedy à la Maison-Blanche, la bombe israélienne devient la préoccupation de Washington. Peu après son élection, John F. Kennedy nomme, à la tête de la CIA, John Alex McCone qui vient de démissionner de sa fonction de directeur de l’AEC. Le département d’État suit à son tour et nomme William R. Crawford comme chargé du dossier israélien. Crawford raconte que « face aux informations disponibles, c’était la surprise totale à la Maison-Blanche[2]. » Plusieurs rencontres ont lieu par la suite, pour étudier les éléments fournis par les services d’Intelligence, notamment les photos du réacteur de Dimona. Crawford raconte que « c’était une douche froide pour certains et nous en avons déduit que les Israéliens ne disent pas la vérité. » Le 30 janvier 1961, un rapport écrit par le secrétaire d’État Dean Rusk et adressé au Président Kennedy, fait soulever des doutes au sujet des intentions israéliennes et propose l’idée d’une inspection du site de Dimona[3]. On commence dès à présent à parler de demandes pour visiter la centrale. Dans un autre mémorandum daté du 3 février 1961, Dean Rusk, transmet au Président Kennedy, la possibilité d’une visite américaine de Dimona[4].

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Chapitre   IV    109
L’administration Kennedy  109
Le Président anti-prolifération  114
Le contexte israélien    115
Le contexte régional   116
Kennedy et la solution négociée   118
La 1ère visite de Dimona   119
Le rapport des scientifiques   124
Les craintes de Kennedy   126
Kennedy et la non-prolifération   129
Le flou se dessine   131
La visite pour sortir de l’impasse 133
 
 
 
 
 
 

 

Chapitre V

L’administration Johnson

Shai Feldman explique que ni John F. Kennedy, ni Lyndon B. Johnson n’ont eu le moindre doute sur les intentions israéliennes. Les deux présidents se doutaient de la volonté israélienne de fabriquer, tôt ou tard, la bombe atomique. Déjà en 1966, les rapports de l’AEC (Atomic Energy Commission), après deux visites des installations nucléaires de Dimona, donnent la certitude qu’Israël procède, dans des installations secrètement dissimulées, à la fabrication des armes nucléaires[1]. En décembre 1964, le doute s’est installé au sein du groupe d’experts américains concernés par la prolifération nucléaire[2]. Le sujet n’est plus la construction d’un réacteur mais on parle de la possibilité israélienne de fabriquer la bombe atomique. Ce groupe a la certitude que les Israéliens possédaient les infrastructures nécessaires à la production des armes nucléaires. Glenn Seaborg pense que, déjà en 1962-1963, le rapport Komer de la CIA soupçonnait l’existence d’une capacité nucléaire dissimulée en Israël[3]. Washington n’a alors plus de doute sur la volonté israélienne[4]. Mais l’administration Johnson ne souhaite pas en savoir davantage.

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Chapitre    V    135
L’administration Johnson    135
Le rapport Foster : la Chine 140         
More is Better : l’Inde aussi  143
Dimona au second plan        145
Pourtant, elles prolifèrent      147
Le comité Gilpatric             149
Le Sénat et la prolifération   151
Johnson et le dossier israélien  153
La mission Harriman-Komer   155
 
 
 
 
 
Chapitre VI    157

Chapitre VI 

Les conflits

La crise de Suez (1956)

C’est cette guerre qui donne un coup d’accélération au programme nucléaire israélien. En effet, la décision de concrétiser le projet de Dimona émerge de la guerre de 1956, suite à la menace soviétique. Nasser vient, en juillet 1956, de nationaliser le canal de Suez. Paris et Londres attirent Tel-Aviv dans le conflit et l’État hébreu, en quelques jours, met la main sur le Sinaï. Malgré son succès, l’opération s’avère un réel désastre politique pour les Israéliens.

Les États-Unis condamnent l’opération ainsi que le recours à la force. Les Nations unies interviennent et imposent un cessez-le-feu. Le sommet de la crise est atteint lorsque le Premier ministre soviétique Nikolai Boulganine fait notifier à Ben Gourion que des missiles soviétiques pourraient toucher des cibles israéliennes.

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Les conflits       157
 
I- La crise de Suez (1956)   157
Prendre le Caire        161
Les conséquences de Suez   163
L’impact de la menace soviétique   165
 
 

 

 
 
 
 

II- La guerre des Six jours (1967)

« Il n’y a aucune évidence que la centrale est dédiée à la fabrication de la bombe nucléaire », souligne un mémorandum écrit par Joseph F. Carroll, le directeur de la DIA (Defense Intelligence Agency), dans son rapport présenté au secrétaire d’État à la Défense McNamara[1]. Un an après cette note et à quelques jours du déclenchement des hostilités en 1967, le secrétaire d’État Dean Rusk rapporte, au Président Johnson ainsi qu’au secrétaire d’État à la Défense Robert McNamara, qu’« il n’y a pas d’armes nucléaires dans la région. » C’est lors d’une réunion consacrée à la crise entre Israéliens et Égyptiens que Dean Rusk rapporte ces conclusions au nom du directeur de la CIA Helms, aux membres du NSC (National Security Council) (page 3, paragraphe 4)[2].

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II- La guerre des Six jours (1967) 167
Le coup de force de Sharon    170
Nasser n’est pas dissuadé       172
La mission McCloy au Caire, 1963   176
Nasser refuse le plan américain       178
Dimona, source de tension       180
Dimona, provoque-t-il la guerre ?   182
Le Caire prépare l’offensive       184
 
 
 
 
 
 
 

III- La guerre d’usure (1969)    187

III- La guerre d’usure (1969)

Cette guerre (war of attrition), est celle qui illustre le mieux la confirmation du cuisant échec de la dissuasion israélienne. Car, suite à la guerre des Six jours de 1967, l’Égypte perd le Sinaï, le canal de Suez est fermé à la navigation et l’armée israélienne se trouve du côté oriental du canal. Nasser, qui subit une défaite militaire sans précédent, décide alors de maintenir un état de tension militaire tout au long du canal. Cet état de tension permanent commence en février 1969 et se termine en août 1970, lorsque les Israéliens acceptent un cessez-le-feu[1]    À la veille de la guerre de 1967, quelques rapports d’Intelligence et des évaluations de la CIA, montrent qu’Israël est techniquement proche de la fabrication de la bombe. Vers la fin du mois de mai 1967, Israël improvise deux dispositifs nucléaires et les rend opérationnels. Israël n’est plus un État sans armes nucléaires. Si Israël signait le traité, il devrait donc renoncer à son programme nucléaire. L’engagement israélien à ne pas être le premier à introduire les armes nucléaires dans le Moyen-Orient, aurait été réinterprété, selon les dispositifs du TNP, comme un engagement définitif, fort et clair pour ne pas fabriquer des armes nucléaires. 

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Golda Meir renonce à la transparence  189

La 3ème et dernière visite      190

Le sommeil paradoxal de Dimona   191

 

 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
IV- La guerre de 1973.

                « Je tremble à la pensée de ce que le destin nous aurait réservé  dans une telle situation, si nous avions dû faire face à une crise prolongée sur des jours et des jours. » Henry Kissinger (1982, p. 688)[1].

Avec une victoire écrasante en 1967 et une supériorité militaire dotée d’un arsenal nucléaire de taille, Israël n’envisage pas un seul instant que les Arabes puissent un jour penser à franchir la ligne de Bar Lev. On considère que la dissuasion est acquise et fonctionne sans obstacles. Cette dissuasion mise à mal en 1967, semble définitivement échouer en 1973. Mais l’attaque surprise a lieu, montrant ainsi que Sadate n’est à son tour, nullement dissuadé. Depuis 1967, le Caire, malgré l’arsenal nucléaire israélien, est obsédé par l’idée de reprendre le Sinaï. Des initiatives entreprises par Sadate ne donnent aucun résultat. Le plan Rogers de décembre 1969, ne reçoit pas un accueil favorable en Israël. Le Premier ministre Golda Meir déclare alors que son pays ne retournera jamais à la frontière d’avant 1967.

En Israël, il n’y a donc aucune raison d’échanger la terre contre la paix. Ce sentiment ne dure pas longtemps, car en juillet 1972, Sadate annonce l’expulsion d’une majeure partie des experts soviétiques. Il tente un dernier test diplomatique lui permettant d’être sûr que le statu quo ne changera pas sans une action militaire. Il est par la suite convaincu qu’une autre guerre est nécessaire. Il se modernise et déjoue toutes les estimations militaires. En 1973, il attaque Israël. 

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IV- La guerre de 1973       192. 192
Les pertes israéliennes         197
L’alerte (too soon or too late)  199
La violation du cessez-le-feu      202
Crise entre les deux puissances   205
La crise de tous les dangers       208
Menaces et alertes nucléaires     211
 
 
 
 
 
 
 
 
 

   
 

Tracer la frontière      218

  Tracer la frontière

« Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j'ai découvert que la comptabilité était plus forte que l'histoire et la géographie d'Israël. J'ai découvert (...) que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60% d'Arabes et 40% de juifs. » Ehud Olmert.

L’émergence du dossier nucléaire iranien sur la scène régionale complique davantage le maintien de l’ambiguïté nucléaire israélienne. L'Iran annonce, le 11 avril 2006, avoir enrichi de l'uranium et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad fait savoir au monde entier que son pays rejoint le club nucléaire. Motivée, selon Washington, par les armes nucléaires de Saddam Hussein, la guerre en Irak n’est pas un succès pour l’administration Bush. Les États-Unis qui peinent à trouver une issue à la guerre en Irak, cherchent une réponse diplomatique crédible au défi de l'Iran, quitte à agiter la menace militaire. Washington se trouve face à un dilemme de taille : faut-il frapper les installations nucléaires iraniennes ? Faut-il laisser Israël agir seul ? En 1981, l'aviation israélienne avait détruit le réacteur irakien Osirak stoppant ainsi le programme nucléaire de l'Irak. Mais les installations nucléaires iraniennes sont souterraines, dispersées et bien mieux protégées. L'ancien Premier ministre Shimon Pérès, dirigeant du parti centriste Kadima au pouvoir, a souligné à ce propos qu'Israël devait agir avec prudence pour éviter de se retrouver en fin de compte “seul dans la bataille”.

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