La prolifération entre stabilité et rationnalité                                                                                                                                                     

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La prolifération entre stabilité et rationnalité

Pour certains observateurs du système international, la prolifération  nucléaire aurait des vertus stabilisatrice.  Il n ' y aurait donc pas de raison de se soucier du nombre de détenteurs.   L'atome rend responsable ou adulte ses possesseurs.  Cette thèse cite l'exemple  de l'effet de dissuasion  qui semble s'être instaurée entre l'Inde et le Pakistan.  Trois guerres ont opposé l'Inde et le Pakistan  ( 1948 , 1965, 1971). Depuis 1971, et malgré de violents affrontements au Cachemire, il n y a pas eu  de conflit armé antre entre ces deux Etats.

M. H. Labbé développe un autre point d'analyse contradictoire avec la pensée de Kenneth Waltz ou encore le général Gallois.  Pour elle, la prolifération est particulièrement déstabilisatrice.  M. H. Labbé fond ses raisonnement sur des facteurs  de fonctionnement. Selon elle, les conditions pour le fonctionnement d'une dissuasion stable ne sont pas réunies?.  Ceci accroît les risques de guerre accidentelle et multiplie les probabilités  de terrorisme nucléaire. Waltz soutient que les armes nucléaires utilisés  ( usesd ),  de façon responsable rendent plus difficile le déclenchement d'une guerre. Les pays détenteurs  des armes nucléaires ont de puissante motivation de s'en servir de façon responsable. 

   

Principe de non-usage

Certains analystes  critiquent les postulats de la lutte contre la prolifération nucléaire. Joseph Nye, élabore, à propos des deux grands,  ce qu'il appel   "   l'apprentissage  nucléaire "    ( nuclear learning).   Michel Fortman,  en s'alignant sur la vision de Joseph Nye,  applique celle-ci sur les puissances quasi nucléaires.  Pour M. Fortman, des rivaux quasi nucléaires peuvent saisir progressivement  "  que les effets d'un échange nucléaire seraient aussi désastreux pour eux que pour leur ennemi  ( principe de non-usage).   Une bombe explosant sur les hauteurs du Golan par exemple, ferait autant de mal aux habitants de Damas qu'aux israéliens. Martin van Creveld, professeur à Jérusalem,  quant à lui, voit  que  les puissances candidats à la prolifération,  ne peuvent qu'être incitées à la prudence. Ceci est motivé par  leurs  petites taille s ainsi que les frontières communes .  Le raisonnement de  M. Van Creveld  se base sur le facteur de risque. Ces puissances risquent de faire elle-même les frais  d'une frappe nucléaire contre le territoire adverse.    M. H. Labbé, 1995, p 247.

La prolifération nucléaire, c'est-à-dire la dissimilation de matières, de technologie et de savoir-faire permettant de fabriquer une arme nucléaire, à occupé le devant de la scène internationale en 1995. La prolifération est un phénomène emblématique de l'âpres guerre froide. Certains stratèges estiment que la prolifération nucléaire a des vertus stabilisatrices, car la pression de l'atome rend " adulte "  et responsable.  M. H. Labbé considère au contraire que la prolifération  nucléaire est profondément déstabilisatrice  en raison des risques de guerre accidentelle qu'elle accroît. Elle accroît aussi les risques de terrorisme nucléaire, ( par son usage, ou contre des cibles nucléaires).  M. H. Labbé, 1995. p13.

 Israël a toujours refusé de se lier les mais avec le TNP. Les administration américaines successives ont refusé de faire de sa signature par Israël la condition de leur fourniture  d'armes classiques. Israël a toujours eu une place privilégié  dans la politique américaine de lutte contre la prolifération. Les Etats-Unis se montre très tolérant  vis-à-vis du nucléaire israélien.  Avner Cohen,  1995,p44-45.

 La question de l'adhésion d'Israël au TNP a  été, en 1995, posé par l'Egypte, l'Irak et l'Iran, à l'occasion de l'extension du traité.  Cette position n'est pas nouvelle. Déjà  en 1977, le président Sadate avait demandé  à Israël de signer le TNP et d'accepter les inspection de l'AIEA, sans succès. Il y avait donc pas plus de chance que cela change en 1995.  Shimon Peres, alors ministre des affaires étrangères a réaffirmé le 31  janvier 1995 qu'il était hors de question qu'Israël signe le TNP, en l'absence de traité de paix avec l'ensemble des Etats de la région.

Les Etats nucléaires furent surpris par une fronde des pays arabes qui toucha même les alliés des Etats-Unis. En Janvier 1995, le président Moubarak menaça de refuser de signer la prorogation si Israël persistait à n y pas adhérer.  L'Egypte fut suivi par la Syrie et  six monarchies du Golfe. Ils exigèrent dans un communique le 6 février 1995,  la signature du TNP par Israël.  Ils furent rejointes par l'Iran, l'Irak, l'Indonésie et le Nigeria hostiles à l'inégalité inscrite dans le traité. Le 9 mai , 14  pays  arabes ont présenté une résolution exigeant qu'Israël signe  " sans délai "  le TNP. Après plusieurs heures de négociations à huis clos, négociateurs arabes et occidentaux sont parvenus à un compromis. La résolution ne cite pas nommément Israël, mais fait appel à tous les  Etats de la région à se soumettre aux contrôles de l'AIEA et lie l'élimination des armes nucléaires au Moyen-Orient à la conclusion d'un accord de paix global.

 

Israël  des raisons strictement stratégiques.

Israël partage avec le  Pakistan une recherche de l'arme nucléaire essentiellement pour des  motifs stratégiques.  Dès sa création en 1948,  Israël souffrant du complexe d'encerclement dû à l'ambiguïté de son territoire, a commencé très tôt, dans les années cinquante, à prendre en considération l'option nucléaire. M;H. Labbé, 1995 p60.  La France a joué un rôle primordial dans la création de la force nucléaire d'Israël. Ces relations ont commencé très tôt, dès  1950, par des liens personnels. Par exemple entre Francis Perrin et Ernest Bergmann, qui devaient devenir les patrons des futurs organismes publics dans le domaine nucléaire. Les israéliens étaient les seuls étrangers admis dans les équipes de recherche, et ils pouvaient circuler librement dans les usines de Saclay et de Marcoule. M.H. Labbé, 1995, p134. En novembre 1956, année de l'expédition du canal de Suez, un programme officiel de coopération nucléaire entre la France et Israël fut établi.  Ceci fut justifier comme une compensation au retrait des forces israélienne du  désert du Sinaï  qu'elle venait de conquérir.   Très rapidement les deux pays étendirent leurs coopération aux missiles,  ce qui permit la construction du Jéricho I dans les années soixante.

Du côté israélien la coopération fut décidée discrètement au sein du gouvernement. Ben Gourion, Moshe Dayan, et Shimon Peres furent les principaux promoteurs en faisant valoir la nécessité  d'une dissuasion face à l'Egypte qui, après le conflit de Suez de 1956, cherchait à se procurer une force nucléaire et chimique avec l'objectif déclaré de détruire  Israël.  M. H. Labbé, 1995, p 133.

   

Iran : la recherche d'une hégémonie régionale

En février 1987, le président iranien Ali Khammenei déclarait :  " Notre pays a toujours été menacé par l'extérieur. Le minimum que nous devons faire pour lutter contre ce danger est de faire savoir à nos ennemis que nous pouvons nous défendre."  L'Iran apparaît aujourd'hui comme un sérieux candidat à l'acquisition d'armes nucléaire, à la fois pour des raisons de prestige et pour des raisons stratégiques.  M.H. Labbé, 1995, p 77.                         

Le programme nucléaire iranien paraît  encore embryonnaire: Seuls existent un petit réacteur de recherche et des accords avec la Chine et le Pakistan. Mais l'Iran a tenté en 1994-1995 de passer des accords de fourniture avec la Chine et la Russie.  Le 5 janvier 1995, le New York Times, citant des responsables israéliens et américains, affirmait que l'Iran pourrait se doter de l'arme nucléaire dans un délai de cinq ans.  M.H. Labbé, 1995,p79.