Un regard historique peut
clarifier les préceptes de liens ou de
divergences qui ont pu donner lieu à
l’état actuel dans lequel se trouvent le
monde arabe et son voisin iranien. Le
Moyen-Orient vit actuellement l’une des
périodes les plus instables depuis la Deuxième
Guerre mondiale. Dans ces conditions, où
l’histoire accélère ses pas, une grille de
lecture aide à mieux clarifier les enjeux de la
situation de conflictualité durable. Pour cela,
je tente de suivre une approche analytique aidant à mieux comprendre l’articulation des relations entre ce monde
et son voisin perse et par là même, l’état
des lieux de la région du Moyen-Orient.
Ce
regard historique apporte une clarification
autour d’un malentendu historique et durable
autour du monde arabe. On arrive à connaître
les raisons du recours au terme de rupture et
non pas celui de l’évolution au sens de
graduation d’une pensée politique en ce qui
concerne les événements majeurs dans ce monde.
Historiquement, il y a eu un état de collapsus
continuel dans le monde arabe d’abord “dynastisé”
à partir du VIIIème siècle, avant d’être anesthésié
depuis le XVe. Ce monde est par la suite envoyé,
par les Ottomans, vers la voie la plus étroite
de despotisme. Le réveil de ce monde de son
long sommeil est difficile.
L’absence d’un modèle politique solide dans
les pays arabes fragilise sa résistance à la
pression externe et aux éléments d’extrémisme
internes.
Pourtant,
l’importance de la période qu’a traversé
le monde arabe durant le VIIe siècle, allait
avoir pour effet de donner à la vie,
intellectuelle, culturelle et sociale, un tour
particulier. Le VIIIe siècle a donné lieu à
une avancée dans de multiples domaines, littéraires,
scientifique et philosophique, dont Damas,
Bagdad ou le Caire demeuraient les centres
incontestés. Si le IXe fut le siècle de la
philosophie, le Xe a été celui de la
modernisation et de la pensée scientifique
arabe. Mais le XIIIe constitue le siècle du déclin
dans cette prospérité intellectuelle. Le XIVe
est particulièrement marquant. Il est le début
d’un repli durable de ce monde sur lui-même.
Les
penseurs arabes qui ont abordé durant des siècles
tous les sujets et qui s’interrogeaient sur
l’univers, sur ses lois et sur la rationalité,
n’ont pas abordé les questions relevant de la
philosophie politique. La décadence commence
lorsqu’ils concentrent leur attention sur les
palais des dynasties.
Le
constat actuel montre que des divisions
historiques sont en phase de ressortir à la
surface comme jamais auparavant. Elles
deviennent aujourd’hui le début d’une ère
nouvelle qui risque d’aboutir à un chaos généralisé.
Les néo-conservateurs américains peuvent alors
ouvrir la boite de pandore de qui contient le
croissant sunnite (Egypte, Jordanie, Arabie
Saoudite) contre un axe chiite (Iran, Irak,
Liban).
Quelles sont donc les raisons et quelle est la
visée de l’usage des notions telle que
sunnite et chiite ? Afin d’apporter
quelques éléments de réponses à ces
questions, j'aborde dans un premier temps du
point de vue historique, les racines des
divisions sunnites/chiites sur fond de rapports
entre le monde arabe et l'Iran. Dans un deuxième
temps, je tente de développer les raisons
historiques de l'action des néo-conservateurs
visant à utiliser cette division afin de
provoquer un état de chaos régional, basé sur
les conceptions de la théorie des catastrophes
développée, dès 1970, par René Thom.
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