L'obsolescence de la Guerre                                                                                     John Mueller, 1988                                                            

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L'obsolescence de la Guerre

" Supposons qu'il  existe deux manières pour dépenser 10 milliards de dollars: pour éviter 1000 mort en guerre, ou  pour éviter 20 000 tués sur les routes, qui  refuserait  la première ? L'absence des guerres signifie que la  dissuasion a réussie, ce qui ne veut pas dire qu'une politique  de dissuasion est une politique  succinctes. Des facteurs  non militaires jouent d'importants rôles lors  de la prise de  décisions de guerres.  Les armes, semble-t-il, sont des résultats des guerres non pas leurs causes. La vision tendant à voir que les guerres sont devenues de obsolètes, est influencée par le changement des valeurs.  Les armes, même nucléaires, ne sont plus perçues comme relevant de la guerre et de la paix comme semble-être le cas".

                                                                                                                          John Mueller

  Le  livre  de John Mueller  propose deux  regards: - les grandes guerres sont en état d'obsolescence et la guerre froide était loin de l'être, elle avait été au contraire très chaude. Les défenseurs de la paix accusent l'Etats-nation  ou le système d'Etat-nation de faire la guerre.  Tout au long de  son ouvrage,  Mueller  tient un raisonnement simple. Les Etats font la guerre pas parce qu'ils existent ou parce qu'ils sont armés,  mais parce qu'ils sont apparus par la guerre et ils  voient des avantages dans la victoire.  

En travaillant sur les origines des guerres Mueller nous livre un travail  documenté remontant  aux antiquités. Mueller trouve des citations contre la guerre tirées des suppliants  d'Euripide  ( v.  415  av. JC)  dans une pièce  considérée comme un témoignage très fort contre la guerre.   Depuis l'existence de l'humanité, il y a eu des écrits contre les guerres. C'est ce qui Mueller démontre dans son ouvrage.  Selon Mueller, la première organisation significative contre la guerre est apparu lors  de la première guerre mondiale en 1914.  Ces avocats de la paix n'ont pas pu asseoir une image  publique  car leurs actions reposait sur des aspects sentimentaux. 

 

Avant 1914, l'historien  militaire Michael Howard  note que la guerre était universellement légitimée, acceptée et souvent inévitable.  Pour Bernard Brodie la guerre de 1914 donnait naissance à une nouvelle ère de prise de conscience des atrocités de guerres. La logique selon laquelle la guerre est  utile de point de vue économique est devenue  peu à peu une notion contestable.  La pensée  courante rendait la guerre inévitable comme celle de Zola  selon laquelle  la guerre est " la vie même ", ou encore celle de l'américain Henry Adams selon laquelle  la guerre rendait les hommes plus " forts ", etc. C'est la première guerre mondiale qui  va changer la vision que l'on portait envers les guerres comme quelque chose d'admirable, désirable et même parfois le regard était un regard romantique.

La grande guerre qui a fait des millions de victimes  aurait pu être évitée si les leaders des nations rivales se comprenaient mutuellement.  Ainsi, les tentatives de politiques d'apaisement des années 30 n'a pas  réussi à s'imposer et à éviter la guerre suivante. La guerre de 1914 aurait pu être évitée si les résultats avait été  correctement calculés d'avance par les parties en guerre.  Michael Howard souligne que les armées en 1914 étaient conçues comme des instruments de guerre et non pas par leurs capacités dissuasives.

    Leçons de la grande guerre

  La première guerre mondiale a été  gravée dans les mémoire de tous ceux qui l'ont vécu.  Selon Mueller cette guerre aurait peu  être évité par deux issues.  La première était la négociation.  Pour Mueller il y avait  plusieurs aspects  déclencheurs des hostilités  qui avaient été basés sur des mauvaises interprétations, ou une réalité schématisé  de façon très simpliste.  Les tendances expansionniste de l'Allemagne , semblaient pour des analystes qu'en 1914  les  allemands auraient adopté  la voie de la raison  s'il y avait devant eux des voix qui  parler cette langue d'apaisement.   La seconde  issue est celle de la dissuasion. Car si les agresseurs  ne voyaient pas à quel point la guerre serait  dévastatrice et  destructrice, c'est parce qu'ils étaient persuadé que la guerre allait être  courte  et avec le moindre coût.  Il se peut que ces raisonnement n'étaient pas  convainquants en 1914 souligne Mueller en ajoutant que l'on peut imaginer que l'évitement  se serait accompli par l'une des deux points suivants: le développement des armes de destruction massive et la création d'une alliance  qui  enveloppe de façon rapide les escalades. Mueller avance l'argument selon lequel les pays qui se sont alliés durant la guerre auraient pu faire cette alliance avant en utilisant la dissuasion contre l'agresseur afin d'éviter  le déclenchement des hostilités. 

   La Deuxième Guerre

 Mueller observe que la deuxième guerre a donnée aux américains une capacité dissuasive contre  toute volonté d'agression même sans l'arme nucléaire.  Curieusement pour Mueller les armes chimiques n'ont pas été utilisées  durant la guerre.   Mueller  se pose la question et conclut qu'un conflit majeur ou une guerre n'implique pas forcement un usage de toute les armes  existante. Pour Mueller le non usage des gazes durant la deuxième guerre mondiale laisse des points d'interrogation.  Cette même interrogation est posée par le chercheur américain Frederic Brown.  Comment cette quantité de chars  et d'avions de combat  n'ont-ils pas donnés la tentation d'utiliser l'arme chimique durant le conflit ?  Les analystes  avancent l'hypothèse  de l'existence des masques à gaz et le fait que les armes chimiques pouvait causer des liaisons sans tuer.  En effet, durant la première guerre,  l'usage de gaz à touché 1,3  Million,  seulement 91 000 entre eux ont trouvé la mort.

Selon Mueller, les gazes n'ont pas été utilisés durant la deuxième guerre, probablement pour raison de dissuasion mutuelle, et la peur de s contre attaques.  Américains, italiens, Britanniques, ou  allemands, les phrases de menace de l'usage des armes chimique n'a pas manqué pour une mise en garde contre l'usage des armes chimiques. Mueller adopte l'analyse de Brown à propos des armes nucléaires et le non usages des armes chimiques durant la deuxième guerre mondiale.  Pour lui, l'arme nucléaire n'est pas pour autant exclue d'un éventuel usage durant une troisième guerre mondiale.  Cette arme est militairement plus impressionnant, elle offre une facilité de transport, de plus elle fait partie intégrante de la pensée politique et stratégique. Morgenthau qualifie l'introduction de l'arme nucléaire comme une révolution dans les relations et les politiques étrangères depuis le début de l'histoire de l'humanité.  Ceux qui prennent cette position engagent une analyse avec des  doutes, c'est ce qui les mène à penser que l'histoire, sans l'arme nucléaire, aurait pris un autre cours totalement différant.

 Comme Robert Art et  Kenneth Waltz, 1983,  Mueller pense qu'un affrontement entre l'Est et l'Ouest, ( Etats-Unis / Russie, OTAN/ Pacte de Varsovie),  est quasi nul.  Les  raisons résident dans les capacités stratégiques de chaque partie, et aussi dans les craintes de l'escalade vers une guerre totale. Ces raisons sont des facteurs de prévention contre une éventuelle guerre mondiale.  Robert Clipin avance l'argument selon lequel, les deux puissances n'ont pas passé à la confrontation nucléaire pour des raisons d' " intérêt commun".   Ceci prend son  sens durant la crise de Cuba où les deux grands n'ont jamais été si près d'un affrontement militaire, voir nucléaire. Le secrétaire d'Etat américain Dean Rusk, a raconté, après la crise,  que la situation aurait pu conduire à une guerre  généralisée. Mueller cite une anecdote de Kennedy en s'adressant à ses collaborateur  disait " j'espère  que vous réaliserez  qu'il n'y aura pas assez de chambre pour tout le monde  dans le bunker de la Maison Blanche"

  Côté soviétique, Khrouchtchev  a déclaré qu'il était conscient qu'une guerre aurait été rapidement étendue vers un conflit mondial.  Ni américains ni soviétiques avaient l'intention, Selon les propos recueillis par Mueller, d'aller vers l'affrontement.  Les deux puissances ont joué l'apaisement, un conflit armée n'a pas eu lieu et la crise se terminera en laissant maintes interrogations. Si Robert Jervis montre qu' une des raisons  majeures des conflits armés du passé était  la  croyance que les guerres étaient inévitables et que  cette pensée a apparemment pesée lourdement sur les décideurs en 1914, cela n'a pas été le cas pour Mueller en 1962. Selon l'auteur, les guerres peuvent être toujours évitées,  notamment quant personne  ne montre le désire de rentrer en conflit.  Malgré les craintes de guerre entre américains et soviétiques en 1962, note Mueller, la pensée fataliste n'a jamais dominée les décideurs. C'est plutôt une volonté d'apaisement qui se montrait depuis le début de la crise. 

Pour Mueller, il y a de bonnes raisons que la guerre soit devenue obsolète dans le monde moderne.  Car pour certain pays, la guerre ne se conçoit pas dans un monde civilisé. La première guerre mondiale " la grande guerre ", a changé les tendances. Les défenseurs de la paix, minoritaires dans le passé,  sont devenus une majorité, décidé, ou plutôt, une majorité de décideurs, dans le monde développé. La leçon tiré de la grande guerre est celle de tout faire pour éviter la guerre et notamment une répétition de celle-ci. Une seule personne a eu le tallent d'introduire son pays et le monde entier dans une guerre mondiale.  Depuis, tandis que les guerres continuaient loin d'eux, soigneusement délimitées, les pays développés ont manoeuvré pour contenir et contrôler leurs désaccords en évitant les guerres. Une troisième guerre mondiale " nucléaire" se montre destructrice et dévastatrice. Ainsi, une guerre entre les pays développés semble être impensable. Une guerre mondiale future est de plus en plus éloignée de l'horizon des nations et des Etats développés.

Mais que sont ils devenus les Etats supposés d'avoir, durant les années 80, développés un arsenal nucléaire?  Après les Etats-Unis et l'Union Soviétique,  et dès le début des années 60, un grand nombre d'Etats a oeuvré pour le développement de la bombe nucléaire: la France, La Grande Bretagne, la Chine, puis l'Inde et Israël, qui s'est apparemment auto équipé d'un petit stock nucléaire secret,  p226. La possession de l'arme nucléaire par un Etat symbolisait la force et donnait un statut puissance.  Déjà en 1965, la France de De Gaulle brandissait  " sans la bombe atomique aucun pays ne peut se considérer proprement indépendante".

  Une guerre par erreur

Il n' y a pas un seul cas depuis ou les historiens pouvait dire qu'une guerre avait commencé accidentellement ou par erreur. Toutes les guerres se sont déclenchées par une intention délibérée par l'une des parties en conflit. Mueller va jusqu'à dire que c'est la paix qui devient de plus en plus irrationnel, pas la guerre. En pensent à la guerre, les décideurs sont confrontés aux biais, lutter contre la mauvaise conception, faire face à des zones de la non clarté et surtout ils sont confrontés à des considérable problèmes d'incertitude. L'on n'attend pas des décideurs d'être des surhumains, mais plutôt d'être rationnel, raisonnable, et une sensibilité avec finesse afin de tirer les conclusions. Mueller prend l'exemple du Japon qui reportait plusieurs batailles contre les américains durant la deuxième guerre mondiale.  Les japonais ont compté sur un découragement américain face aux pertes des batailles et se concentrer sur la menace des Nazis. Ils n'ont pas pris en compte que les américains pouvait faire un autre choix.

  Mueller  se pose la question autour des échecs des grandes puissances, possesseurs de l'arme nucléaire, de remporter des petites guerres.  Les américains et la guerre de Vietnam,  les soviétiques en Indonésie 1965.  Les pays possesseurs de l'arme nucléaire ont évité l'affrontement entre eux par crainte d'escalade vers une guerre généralisée. Mais même là où les risques d'escalade étaient absents, les pays puissants se sont vus défiés par leurs adversaires: les Etats-Unis en Corée et en Indochine, l'Union Soviétique en Hongrie et en Afghanistan, la France en Algérie, la Grande-Bretagne en Falkland. L'ouvrage de Mueller est une vision sur les coûts de guerres.  Un essai de montrer que les hommes sont les pertes causés par les guerres. Le livre est un appel  utile aux décideurs selon ses propres termes. Un ouvrage qui se termine par une note de comparaison entre la guerre et l'automobile.  Pour Mueller, il y a plus de  chanse de se tuer durant une guerre  que par un accident de voiture.  On ne demande pas aux piétons de choisir s'ils veulent se faire tuer par une voiture, c'est fut le cas de la première guerre mondiale où les volontaires se sont fait tués sur le  front.

  John MUELLER, The obsolessence of major war, New York, Basic Books,  1988, 325 pages