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Kosovo
: Poutine rend la Russie prête, attention turbulences régionales
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Written
by Mohamed Abdel Azim |
Wednesday,
20 February 2008 |
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Si Vladimir Poutine fait son bilan, s’il dénonce la course
à l'armement, c’est parce qu’il considère que la Russie
est prête. La question est pourquoi Poutine fait usage du
langage de la menace. Si c’est encore le sol européen qui
se trouve visé par les menaces de Poutine, pourquoi le
fait-il maintenant ?
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Il y a en effet la question du Kosovo (1) et celle du bouclier
antimissile américain (2).
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Du Kosovo à Chypre - Le
dernier volet d’une série de discordes entre la Russie et
l’Occident s’est articulé autour du Kosovo. Au prix d'une
guerre et au terme d'une longue attente, la Kosovo déclare
son indépendance et devient le 193ème État des
Nations unies. Avec le soutien des puissances occidentales, le
Kosovo devient indépendant neuf ans après les bombardements
de l'OTAN contre la Serbie. Certes cette indépendance referme
un long chapitre du démantèlement de l'ex-Yougoslavie mais
renforce une nouvelle ligne de front ethnique non seulement
dans les Balkans mais aussi dans d’autres régions.
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La Russie qui a tenté de faire valoir que l'Union Européenne
serait en infraction si elle envoyait une mission de police au
Kosovo indépendant souhaitait, sans succès, que ce soient
les Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU qui se
prononcent sur l'indépendance du territoire. D’ailleurs la
réaction de la Russie est sans ambiguïté. En effet, la réaction
de Moscou n'a pas tardé. Sitôt l'indépendance du Kosovo votée
par le Parlement kosovar, le 17 février, la fidèle alliée
de la Serbie, demande et obtient une réunion en urgence du
Conseil de sécurité des Nations unies. De son côté,
Belgrade, et avant même la déclaration d'indépendance,
avait prévenu qu'elle "ne reconnaîtrait jamais
l'indépendance" de sa province sud. Cette question
s’ajoute à une longue liste de discorde entre la Russie et
l’Occident (notamment Etats-Unis et OTAN).
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Rappelons qu’il y a un an, les Etats-Unis venaient
d’annoncer des pourparlers avec la Pologne et la République
tchèque pour l’installation de radars et de missiles
anti-missiles sur le sol des deux pays européens. Il
s’agit de déploiement de missiles intercepteurs en
Pologne et l'installation de radars très sophistiqués en République
tchèque.
Le président russe déclare alors à Munich, lors de la
conférence sur la sécurité : « les
Etats-Unis sortent de leurs frontières nationales dans tous
les domaines ». Poutine avertit alors que « cela
est très dangereux ». Lors de cette conférence, à
laquelle un grand nombre de chefs d’Etats et chefs de
gouvernements participent, la Russie montre son inquiétude.
« Personne ne se sent plus en sécurité parce que
personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit
international » explique le président Poutine
dans son discours. Il rappelle alors que « l’usage
de la force n’est légitime que sur la base d’un mandat
des Nations unies, et non de l’OTAN ou de l’Union
européenne ». Le message de la Russie est alors
clair : « un monde unipolaire ne signifie en
pratique qu'une chose, un centre de pouvoir, un centre de
force, un centre de décision agissant comme un maître
unique, un souverain unique, qui s'effondrera de l'intérieur ».
A nous donc de deviner qui est ce le "souverain
unique".
Un an après Munich, lors d’un discours retransmis en
direct à la télévision publique, l'homme fort de la
Russie déclare, le 8 février 2008, que la Russie est prête
à faire face à toute escalade de la course aux
armements, qui se dessine actuellement dans le monde. Il y
un an jour pour jour à Munich, Poutine commence à
engager un bras de fer en direction de l’Amérique, de
l’Europe et surtout de l’OTAN. Cette fois, il choisit
le Kremlin, et désigne "l’Occident". Avec
l’indépendance du Kosovo, la Russie se trouve encore
devant le fait accompli. Le parlement du Kosovo déclare
l’indépendance de son petit bout de terre qui a déjà
fait l’objet d’une période de tension entre l’OTAN
et Belgrade de Milosevic en 1999. Depuis, cette guerre,
qui manquait de clarté dans ses objectifs, est toujours
sujette à des questions et objet de nombreux débats.
Pourquoi maintenant ?
Une semaine avant le discours de Poutine, le 2
février 2008, le journal russe, RIA Novosti, écrit que
la reconnaissance par l’Europe de l’indépendance du
Kosovo pourrait créer un précédent pour des conflits
gelés. Cela signifie le dégel de la conflictualité.
Cette dernière pourrait devenir alors contagieuse et
c’est ce qui sera un obstacle majeur contre la
stabilité durant de longues décennies dans plusieurs régions.
Fin janvier, RIA Novosti, en citant le porte-parole du
ministère russe des Affaires étrangères (MID) Mikhaïl
Kamynine, rappelle que le ministre russe des Affaires étrangères
Sergueï Lavrov, avait indiqué que « Moscou
n'avait jamais déclaré qu'il reconnaîtrait l'Abkhazie
et l'Ossétie du Sud sitôt l'indépendance du Kosovo
proclamée. » L'Abkhazie et
l'Ossétie du Sud sont deux républiques autoproclamées
sur le territoire de la Géorgie.
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Certes, le gouvernement russe ne l'a jamais déclaré,
mais cela pourrait se faire, mettant ainsi toute la zone
en effervescence conflictuelle. Ainsi, plusieurs précédents
seraient alors créés. En plus de l'Abkhazie, de l'Ossétie
du Sud et celle du Nord, on pense notamment au
Haut-Karabakh. On peut donc imaginer les implications
sur l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Notons
qu’en mai 1994, c’est grâce aux pressions russes
que la conclusion d’un cessez-le-feu est obtenu dans
le Haut-Karabakh, mettant ainsi fin aux durables combats
entre les forces arméniennes et azéries.
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Qui veut parler des relations internationales parlera
mieux avec une carte sous les yeux disent toujours les
spécialistes en la matière. Cela se traduit par le
fait suivant : la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan
sont trois pays qui forment un croissant qui sépare la
Russie et l’Iran. On peut donc imaginer ce « croissant
fertile » où les hostilités menacent
d’enflammer à tout moment toute la région du
Caucase.
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On comprend donc les craintes avancées par le président
géorgien Mikhaïl Saakachvili à propos du problème de
l'indépendance du Kosovo et celui de l'intégrité
territoriale de son pays. Il déclare « Tbilissi
était toujours préoccupé par les précédentes déclarations
de la Russie, selon lesquelles l'indépendance
du Kosovo pourrait servir de précédent pour les
territoires ».
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En liant l'indépendance du Kosovo à une reconnaissance
du nord de Chypre, la Russie, depuis la mi-décembre
2007, utilise un langage d’avertissement. Durant trois
mois, Moscou mettait l'UE en garde contre les conséquences
pour la région de l'indépendance du Kosovo. La Grèce
(pays de l’Union européenne) peut subir des
actions de la part des Kosovars. En effet, la région de
Thrace, dans le nord, est occupée par une communauté
musulmane. Moscou affichait alors clairement à Munich,
lors de la 44ème conférence sur la sécurité,
que l’indépendance du Kosovo est une menace pour
Chypre. Le ministre russe des Affaires étrangères,
Serguei Ivanov, estime que la reconnaissance unilatérale
du Kosovo pourrait conduire en toute logique à celle de
la République turque de Chypre du Nord. « Cela
créerait des problèmes, mais s’ils (les Européens)
sont logiques, ils devraient reconnaître Chypre du
Nord ».
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