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Bush le capitaine du navire Moyen-Orient    

 

Written by Mohamed Abdel Azim   
Thursday, 27 September 2007

 

 
À la fin de l’année 2002, lorsque George W. Bush brandit la menace de Saddam Hussein, il évoque le danger que le monde en général et les Etats-Unis en particulier encourent devant la menace théorique des armes nucléaires irakiennes. L’usage du concept de la menace plait bien à Bush.

  • Avec cette notion il s’autorise tout et sans limite. En 2007, Bush utilise à nouveau la peur de la menace iranienne. Pour cette raison, il entend se barricader en ayant des bases de missiles anti-missiles en Pologne et en république Tchèque (deux membres de l’Union Européenne). Car il semble que les missiles iraniens, qui seront en route vers les Etats-Unis, effectueraient un petit détour par le nord et passeraient par l’espace aérien de ces deux pays. Mais, une fois les accords entre Washington, Prague et Varsovie sont acquis, Bush pourra alors déclencher la guerre. Il aura alors décroché avec une seule pierre deux coups.
  • Rappelons qu’en 2002, au même moment où Bush déclare la guerre à l’Irak, la Corée du Nord se déclare en phase finale de la production de sa première bombe atomique. Depuis 2003, date de l’invasion de l’Irak et la chute du régime de Saddam Hussein, l’administration Bush se trouve confrontée à deux sujets majeurs en terme de prolifération nucléaire : le dossier nord coréen et celui de l’Iran. Face au dossier de Pyongyang, Washington privilégie la diplomatie jusqu’à ce que le régime de Kim Jung-Il passe à l’essai nucléaire en octobre 2006. Cet essai dévoile la fragilité de la politique américaine contre la prolifération et met en évidence une fissure idéologique entre Washington d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre. Cette situation, marquée par une méfiance chinoise, aboutit à l’adoption d’une résolution avec des sanctions à la carte. En ce qui concerne le dossier nucléaire iranien Washington, adopte une position ferme depuis des années. Depuis l’essai nord-coréen, Washington a du mal a convaincre Moscou du bien fondé d’une résolution imposant des sanctions économiques pour faire plier l’Iran et le persuader à abandonner son programme nucléaire.
  • Washington qui oscille entre fermeté et hésitation opère sur une échelle à trois niveaux. Sur les deux extrémités de cette échelle, on trouve l’usage de la force d’un côté et la difficulté de l’action de l’autre. Dans ce nouvel environnement, Washington navigue entre trois scénarios graduels. le scénario sans appel de va-t-en guerre (le cas irakien), le scénario diplomatique dans un régime de dialogue assorti de sanctions à la carte (le cas nord coréen) et enfin le scénario de l’incapacité d’action pour arrêter un programme nucléaire d’un pays techniquement capable et politiquement déterminé (le dilemme iranien).
  • Face au dilemme iranien, Washington navigue à l’estime. La politique américaine envers Téhéran se compare à un navire, avec George W. Bush comme capitaine. Ce capitaine navigue dans une zone dangereuse et tente de contrôler son navire. Cette analogie métaphorique fait surgir la question relative au rôle du capitaine. Qui est le vrai capitaine du navire américain face à l’Iran ? Car ce capitaine, qui se trouve dans une mer de prolifération nucléaire extrêmement agitée ne peut plus vraiment tenir la barre. On parle de l’Iran mais aussi de la Syrie comme cibles d’attaques. Mais pour la navigation, ce capitaine n’utilise plus les procédés de guidage perfectionnés. Ces procédés, qui aident le capitaine à déterminer la position du navire à tout instant, à ajuster sa course en fonction de la dérive, à éviter les obstacles qui apparaissent sur l’écran du radar et à résoudre tout problème, ne lui servent plus car il a adopté un ligne droite.
  • Bref, dans la linéarité de Washington, la guerre aura lieu et l'électronique, qui permet, sur le plan des décisions de résoudre tous les problèmes posés au capitaine, ne peut plus remplir ses fonctions. La partie vitale, celle qui contient le système de communication, mue par l'électronique (comme celui de la CIA), est volontairement mise en veille par le capitaine. Au lieu d’aider et de permettre de résoudre tous les problèmes posés par la conduite du navire, ce système ne sert pas car il est ignoré par le capitaine.
  • Dans le domaine de la prolifération, la linéarité washingtonienne ne tient pas compte des effets du jeu d’interaction dans lequel rien ne peut être calculé à l’avance. La linéarité de Washington aboutit à des calculs visant à limiter les risques de prolifération mais les vrais buts ne sont jamais déclarés. Cette linéarité voit du nucléaire là où il n’y en a pas et mène la guerre en Irak. Cette même linéarité traîne le pas envers le nucléaire là où il est supposé être et prône le diplomatie comme envers Pyongyang. Enfin cette linéarité, en raison du cas irakien et nord coréen, perd de la vitesse diplomatique et de la crédibilité d’action face au programme nucléaire iranien. C’est pour ces raisons que Washington doit trouver  une bonne issue de sortie face au programme nucléaire iranien. Le choix semble se porter de plus en plus vers une  guerre. On assistera alors à une petite guerre régionale qui aura des conséquences géopolitique et économiques non calculables. Ce scénario est recherché par les néo-conservateurs américains qui conduisent le navire Moyen-Orient sans tenir en compte que ce Navire ne se conduit pas selon des règles américaines. Une erreur de navigation dans les eaux du Golf persique aboutirai inévitablement à un grand crash non seulement régional mais aussi mondial.
     
Mohamed Abdel Azim*
Lyon (France)




*Mohamed Abdel Azim est docteur en Science politique, journaliste à EuroNews, membre du Comité Directeur Newropeans en charge des affaires méditerranéennes et arabes. Il est l’auteur du livre : Israël et la bombe atomique, la face cachée de la politique américaine, Paris, publié aux éditions l’Harmattan, 2006.