À la fin de l’année 2002, lorsque George W. Bush
brandit la menace de Saddam Hussein, il évoque le danger
que le monde en général et les Etats-Unis en particulier
encourent devant la menace théorique des armes nucléaires
irakiennes. L’usage du concept de la menace plait bien à
Bush.
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Avec cette notion il s’autorise tout et sans limite.
En 2007, Bush utilise à nouveau la peur de la menace
iranienne. Pour cette raison, il entend se barricader
en ayant des bases de missiles anti-missiles en
Pologne et en république Tchèque (deux membres de
l’Union Européenne). Car il semble que les missiles
iraniens, qui seront en route vers les Etats-Unis,
effectueraient un petit détour par le nord et
passeraient par l’espace aérien de ces deux pays.
Mais, une fois les accords entre Washington, Prague et
Varsovie sont acquis, Bush pourra alors déclencher la
guerre. Il aura alors décroché avec une seule pierre
deux coups.
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Rappelons qu’en 2002, au même moment où Bush déclare
la guerre à l’Irak, la Corée du Nord se déclare
en phase finale de la production de sa première bombe
atomique. Depuis 2003, date de l’invasion de l’Irak
et la chute du régime de Saddam Hussein,
l’administration Bush se trouve confrontée à deux
sujets majeurs en terme de prolifération nucléaire :
le dossier nord coréen et celui de l’Iran. Face au
dossier de Pyongyang, Washington privilégie la
diplomatie jusqu’à ce que le régime de Kim Jung-Il
passe à l’essai nucléaire en octobre 2006. Cet
essai dévoile la fragilité de la politique américaine
contre la prolifération et met en évidence une
fissure idéologique entre Washington d’un côté et
la Chine et la Russie de l’autre. Cette situation,
marquée par une méfiance chinoise, aboutit à
l’adoption d’une résolution avec des sanctions à
la carte. En ce qui concerne le dossier nucléaire
iranien Washington, adopte une position ferme depuis
des années. Depuis l’essai nord-coréen, Washington
a du mal a convaincre Moscou du bien fondé d’une résolution
imposant des sanctions économiques pour faire plier
l’Iran et le persuader à abandonner son programme
nucléaire.
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Washington qui oscille entre fermeté et hésitation
opère sur une échelle à trois niveaux. Sur les deux
extrémités de cette échelle, on trouve l’usage de
la force d’un côté et la difficulté de l’action
de l’autre. Dans ce nouvel environnement, Washington
navigue entre trois scénarios graduels. le scénario
sans appel de va-t-en guerre (le cas irakien), le scénario
diplomatique dans un régime de dialogue assorti de
sanctions à la carte (le cas nord coréen) et enfin
le scénario de l’incapacité d’action pour arrêter
un programme nucléaire d’un pays techniquement
capable et politiquement déterminé (le dilemme
iranien).
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Face au dilemme iranien, Washington navigue à
l’estime. La politique américaine envers Téhéran
se compare à un navire, avec George W. Bush comme
capitaine. Ce capitaine navigue dans une zone
dangereuse et tente de contrôler son navire. Cette
analogie métaphorique fait surgir la question
relative au rôle du capitaine. Qui est le vrai
capitaine du navire américain face à l’Iran ?
Car ce capitaine, qui se trouve dans une mer de prolifération
nucléaire extrêmement agitée ne peut plus vraiment
tenir la barre. On parle de l’Iran mais aussi de la
Syrie comme cibles d’attaques. Mais pour la
navigation, ce capitaine n’utilise plus les procédés
de guidage perfectionnés. Ces procédés, qui aident
le capitaine à déterminer la position du navire à
tout instant, à ajuster sa course en fonction de la dérive,
à éviter les obstacles qui apparaissent sur l’écran
du radar et à résoudre tout problème, ne lui
servent plus car il a adopté un ligne droite.
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Bref, dans la linéarité de Washington, la guerre
aura lieu et l'électronique, qui permet, sur le plan
des décisions de résoudre tous les problèmes posés
au capitaine, ne peut plus remplir ses fonctions. La
partie vitale, celle qui contient le système de
communication, mue par l'électronique (comme celui de
la CIA), est volontairement mise en veille par le
capitaine. Au lieu d’aider et de permettre de résoudre
tous les problèmes posés par la conduite du navire,
ce système ne sert pas car il est ignoré par le
capitaine.
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Dans le domaine de la prolifération, la linéarité
washingtonienne ne tient pas compte des effets du jeu
d’interaction dans lequel rien ne peut être calculé
à l’avance. La linéarité de Washington aboutit à
des calculs visant à limiter les risques de prolifération
mais les vrais buts ne sont jamais déclarés. Cette
linéarité voit du nucléaire là où il n’y en a
pas et mène la guerre en Irak. Cette même linéarité
traîne le pas envers le nucléaire là où il est
supposé être et prône le diplomatie comme envers
Pyongyang. Enfin cette linéarité, en raison du cas
irakien et nord coréen, perd de la vitesse
diplomatique et de la crédibilité d’action face au
programme nucléaire iranien. C’est pour ces raisons
que Washington doit trouver une bonne issue de
sortie face au programme nucléaire iranien. Le choix
semble se porter de plus en plus vers une
guerre. On assistera alors à une petite guerre régionale
qui aura des conséquences géopolitique et économiques
non calculables. Ce scénario est recherché par les néo-conservateurs
américains qui conduisent le navire Moyen-Orient sans
tenir en compte que ce Navire ne se conduit pas selon
des règles américaines. Une erreur de navigation
dans les eaux du Golf persique aboutirai inévitablement
à un grand crash non seulement régional mais aussi
mondial.
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