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Interview : Massoud Barzani,
Président du gouvernement autonome kurde en Irak |
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Written
by Mohamed Abdel Azim |
Tuesday,
03 July 2007 |
Pour le Président du gouvernement autonome kurde en Irak, qui a
accordé une interview à la chaîne d’information EuroNews,
une attaque contre les Kurdes en Irak serait une catastrophe qui
déclencherait une guerre dévastatrice dans tous les pays de la
région. Cet avertissement du leader kurde fait suite à la
menace d’Ankara, le 29 juin 2007, de mener une opération
militaire en Irak dirigée contre les rebelles kurdes.
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"... Une intervention opérationnelle turque
dans les affaires irakiennes aboutirait à une catastrophe
pour toute la région, pour la Turquie, pour l’Irak et
pour tous les autres" déclare le leader
du Parti Démocratique du Kurdistan Massoud Barzani.
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"Ce sera l’éclatement d’une guerre dévastatrice
dans la région", ajoute-t-il,
lors d’une interview menée par Mohamed Abdel Azim,
sur la chaîne européenne EuroNews.
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"Cette guerre peut se déplacer et se
propager dans d’autres pays", explique M.
Barzani. "Il y aura une réaction
irakienne forte de la part des Irakiens et surtout
au Kurdistan car cela signifierait une violation
de la souveraineté de l’Irak".
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Monsieur Barzani considère qu’ "il y
a des éléments qui manquent à la connaissance
du Congrès américain" (…) Les pressions
que le Congrès américain exerce en vue de
retirer les troupes américaines de l’Irak, ne
servent pas les intérêts américains, ceux de
leurs alliés ou encore la lutte contre le
terrorisme. Il ajoute que "la présence des
forces américaines en Irak est importante. Je ne
parle pas du nombre mais le principe de leur présence,
dans les conditions actuelles, est très
important", explique-t-il.
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M Barzani considère qu’ "une grande
erreur a été commise après la libération de
l’Irak (…). L’erreur est
celle de la résolution de l’ONU. La 1483,
autorise l’occupation. Les forces de libération
sont alors devenues des forces d’occupation.
C’est là que les problèmes ont commencé
(…) Les forces américaines ne doivent pas
intervenir comme des policiers dans la vie
quotidienne des Irakiens" souligne
le chef du Parti Démocratique du Kurdistan,
Massoud Barzani.
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Ci-dessous le script de l’interview
enregistrée à Genève le vendredi 29 juin 2007 et
diffusée sur EuroNews (mardi 3 juillet à
08h45, 10h45, 12h45, 14h45, 15h45 – Durée : 04.55)
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EuroNews : En ce qui concerne le
Kurdistan, y a-t-il des craintes d’une
intervention turque dans les affaires
irakiennes ?
Barzani : On entend de temps en temps
des menaces turques mais nous voyons que la
meilleure solution est le dialogue.
EuroNews : Une intervention va t-elle
ajouter un troisième problème aux
divisions actuelles en Irak ?
Barzani : Evidemment, une
intervention opérationnelle turque dans
les affaires irakiennes aboutira à une
catastrophe pour toute la région, pour la
Turquie, pour l’Irak et pour tous les
autres.
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EuroNews : Comment serait cette
catastrophe ?
Barzani : C sera l’éclatement
d’une guerre dévastatrice dans la région.
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EuroNews : Qui touchera d’autres
pays ?
Barzani : Elle peut se déplacer et
se propager dans d’autres pays.
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EuroNews : Dans les pays où se
trouvent des Kurdes ou au delà de cette
zone ?
Barzani : Il y aura une réaction
irakienne forte de la part des Irakiens et
surtout au Kurdistan.
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EuroNews : Les Kurdes sont-t-ils plus
concernés que les autres ou est-ce
l’ensemble de l’Irak qui est
concerné?
Barzani : Non, tout l’Irak est
concerné, car cela signifie une violation
de la souveraineté de l’Irak.
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EuroNews : Avant la guerre, il y a
quatre ans, il y avait des craintes de la
libanisation de l’Irak, maintenant on
craint de l’irakisation du Liban ;
ces craintes sont-elles fondés ?
Barzani : Non, je ne crois pas que
c’est juste de prendre l’exemple
libanais pour l‘Irak ou vice versa. Le
Liban a sa particularité, l’Irak aussi.
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EuroNews : Il y a des pressions de la
part du Sénat américain sur
l’administration Bush. Comment
voyez-vous ces pressions qui visent
le retrait de l’Irak ?
Barzani : Il me semble qu’il y a
des éléments qui manquent à la
connaissance du Congrès américain. Les
pressions sur le président Bush de cette
façon ne servent pas les intérêts américains,
ni ceux de leurs alliés ou encore la
lutte contre le terrorisme.
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EuroNews : Vous souhaitez que les
forces américaines restent en Irak ?
Barzani : La présence des forces américaine
est importante. Je ne parle pas du nombre
mais le principe de leur présence, dans
les conditions actuelles, est très
important.
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EuroNews : Quatre ans après,
sont-elles des forces de libération ou
d’occupation ?
Barzani : La grande erreur a eu lieu
après la libération.
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EuroNews : Quelle erreur ?
Barzani : L’erreur est celle de la
résolution de l’ONU. La 1483, autorise
l’occupation. Les forces de libération
sont alors devenues des forces
d’occupation. C’est là que les problèmes
ont commencé.
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EuroNews : Vous-souhaitez que les
choses changent et que les Américains
laissent l’Irak aux Irakiens ?
Barzani : Il est important qu’il y
ait un accord clair entre le gouvernement
irakien et les Etats-Unis. Chacun doit
connaître ses devoirs. Les forces américaines
ne doivent pas intervenir comme policiers
dans la vie quotidienne des Irakiens.
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EuroNews : On dit qu’il y a des
pays extrémistes qui cherchent les
troubles et l’instabilité en Irak …
Barzani : Il y a beaucoup de pays qui
ont des comptes à régler avec les
Etats-Unis.. Ces pays veulent régler ces
comptes sur le sol irakien au détriment
des intérêts de l’Irak.
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EuroNews : Qui se situe derrière les
divisions internes en Irak entre Sunnites
et Chiites ?
Barzani : Malheureusement, il y a des
forces extrémistes côté sunnite comme
chiite. Chacune mène des opérations
contre l’autre.
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EuroNews : Y a t-il un espoir que ces
opération se terminent ?
Barzani : Le conflit est profond et
enraciné. Je ne vois pas d’avenir dans
l’immédiat à ce conflit.
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EuroNews : Pourquoi l’Europe est
absente ?
Barzani : C’est une question que je
me pose. Pour quelle raison l’Europe est
quasi absente notamment en ce qui concerne
l’Irak? Cette question me préoccupe.
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EuroNews : L’Amérique tente d’écarter
l’Europe de la région ?
Barzani : Je ne pense pas. Au
contraire, l’Amérique invite ses alliés
Européens de participer avec les forces
et dans l’investissement.
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EuroNews : Cela place l’Europe au
seul niveau des aides financières
Barzani : Non, elle peut participer
concrètement dans le processus de
stabilisation, de l’investissement, de
la construction etc.
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EuroNews : Comment voyez-vous l’adhésion
de la Turquie à l’Union Européenne ?
Barzani : J’espère que la Turquie
adhèrera à l’Union avec les conditions
des Européens.
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EuroNews : Conditions européennes,
pourquoi ?
Barzani : Car cela aidera à la
propagation de la réelle démocratie en
Turquie.
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