Mohamed Abdel Azim 

 

 

 

 

 

 

Dossier

 

Juin 1967 . 

Pourquoi cette guerre a-t-elle eu lieu ? 

Quarante ans après, elle suscite encore des interrogations et hypothèses. Analyse.

Révision de l’Histoire

 

 

 

 

 

Y a-t-il du nouveau concernant le déclenchement d’une guerre dont les conséquences demeurent jusqu’à présent ? 

Dans une interview diffusée par la BBC Afrique en langue française, le journaliste et chercheur Mohamad Abdel-Azim explique que l’entrée en fonction du réacteur nucléaire israélien Dimona a été l’élément qui a entraîné l’attaque israélienne. 

En mai 1967, plusieurs tentatives de survol du site du réacteur Dimona sont effectuées par l’aviation égyptienne. Le Caire craignant à juste titre le nucléaire israélien qui continue d’ailleurs à constituer une source de tension. Le gouvernement Levy Ashkol aurait décidé donc de déclencher la guerre de 1967. 

Sur fond de quatre conflits armés (1956, 1967, 1969 et 1973), Mohamad Abdel-Azim aborde dans son livre, Israël et la bombe atomique, la face cachée de la politique américaine, publié récemment aux éditions L’Harmattan, la question de la prolifération et montre que le nucléaire est à la source des guerres dans la région. Le livre montre que Washington ne peut pas nier avoir fermé les yeux pour permettre aux Israéliens comme aux Indiens de fabriquer la bombe atomique. Or, si le nucléaire se profile derrière les enjeux, il ne peut justifier à lui seul cette agression.

Un nouveau livre écrit par un couple de chercheurs israéliens, Isabella Ginor et Gideon Remez, propose presque la même interprétation. Comme le suggère le titre de leur ouvrage, Foxbats over Dimona : The Soviets Nuclear Gamble in the Six-Day War (Foxbats sur Dimona : le pari nucléaire des Soviétiques lors de la guerre des Six jours), ils affirment que celle-ci est la conséquence d’une intrigue du Politburo soviétique visant à éliminer les installations nucléaires israéliennes de Dimona et, avec elles, les intentions d’Israël de développer des armes nucléaires. 

Toutefois, au lieu d’agir directement, Moscou concocta un projet complexe destiné à inciter les Israéliens à engager une guerre qui se terminerait par une attaque soviétique contre Dimona. « Il est également très révélateur d’apprendre que les avions soviétiques de reconnaissance, MiG-25 (les Foxbats du titre de l’ouvrage) survolèrent directement le réacteur de Dimona, en mai 1967 », écrit Daniel Pipes dans ce qu’il propose comme traduction de l’ouvrage. Mais quel impact sur l’Union soviétique aurait pu avoir la possession d’armes nucléaires par Israël ? La thèse semble alors peu plausible. Ainsi, Qadri Saïd, chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram et ancien militaire, réfute cette thèse simplificatrice à l’excès, à ses yeux. « En attaques militaires, comme en politique, même ce qui peut parfois sembler être la folie est en dernière analyse dicté par une logique objective. 

Pour comprendre pourquoi la guerre de 1967 a eu lieu, il faut commencer par étudier ses origines historiques et les événements qui l’ont précédée au Moyen-Orient », explique-t-il. Appuyé sur les analyses de l’éminent journaliste et historien Hassanein Heykal, il décrit la guerre de 1967 comme le résultat de dynamiques internes en Israël et d’autres propres au monde arabe. Le poids des mots reste important. L’escalade d’une politique et d’un langage arabes visant au premier plan à restaurer les droits palestiniens a semblé antinomique à l’existence d’Israël. 

En avril et mai 1967, des observateurs soviétiques ont affirmé avoir noté une mobilisation militaire aux frontières de la Syrie qui augure d’une attaque imminente contre cette dernière. Nasser a dès lors dépêché des experts militaires pour juger cette situation, qu’ils ont catégoriquement démentie. Mais les Soviétiques persistaient à corroborer l’idée d’une attaque en préparation par Israël contre la Syrie. D’un autre côté, Israël envisageait tous les scénarios de guerre et y était préparé. 

Le 15 mai 1967, l’inquiétude s’accroît avec le défilé militaire israélien à Jérusalem, contraire aux armistices. Alors, Le Caire place, le 17, ses troupes en état d’alerte, et le 18, réclame le retrait des observateurs des Nations-Unies de Charm Al-Cheikh et de Gaza, dont les troupes égyptiennes prennent possession le 21. Le lendemain, Nasser décrète la fermeture du Golfe de Aqaba aux bateaux israéliens. A Jérusalem, où Menahem Begin entre pour la première fois au gouvernement, on considère comme un casus belli le ralliement au pacte militaire égyptien-syrien de la Jordanie et de l’Iraq et les voix des pro-guerres deviennent de plus en plus élevées. 

Dès le lendemain, Israël lance une attaque fulgurante qui se solde par une victoire écrasante sur les Arabes. « Bien que fervent défenseur du raïs, Heykal attribue la responsabilité de la défaite à Nasser, arguant qu’il s’est laissé entraîner par une propagande et une pression arabes, en contradiction avec la réalité sociale et politique dans la région », note Qadri Saïd. D’après un article de Chris Marseden et David North publié par le Comité international de la Quatrième internationale sur le World Socialist Website, en prétendant être un Etat faible, forcé à défendre ses frontières, Israël a occupé des terres appartenant à la Jordanie, la Syrie et l’Egypte.

Amina Hassan

Al-Ahram Weekly

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