Y
a-t-il du nouveau concernant le déclenchement d’une
guerre dont les conséquences demeurent jusqu’à présent
?
Dans
une interview diffusée par la BBC Afrique en langue française,
le journaliste et chercheur Mohamad Abdel-Azim explique
que l’entrée en fonction du réacteur nucléaire israélien
Dimona a été l’élément qui a entraîné l’attaque
israélienne.
En
mai 1967, plusieurs tentatives de survol du site du réacteur
Dimona sont effectuées par l’aviation égyptienne. Le
Caire craignant à juste titre le nucléaire israélien qui
continue d’ailleurs à constituer une source de tension.
Le gouvernement Levy Ashkol aurait décidé donc de déclencher
la guerre de 1967.
Sur
fond de quatre conflits armés (1956, 1967, 1969 et 1973),
Mohamad Abdel-Azim aborde dans son livre, Israël et la
bombe atomique, la face cachée de la politique américaine,
publié récemment aux éditions L’Harmattan, la question
de la prolifération et montre que le nucléaire est à la
source des guerres dans la région. Le livre montre que
Washington ne peut pas nier avoir fermé les yeux pour
permettre aux Israéliens comme aux Indiens de fabriquer la
bombe atomique. Or, si le nucléaire se profile derrière
les enjeux, il ne peut justifier à lui seul cette
agression.
Un
nouveau livre écrit par un couple de chercheurs israéliens,
Isabella Ginor et Gideon Remez, propose presque la même
interprétation. Comme le suggère le titre de leur ouvrage,
Foxbats over Dimona : The Soviets Nuclear Gamble in the
Six-Day War (Foxbats sur Dimona : le pari nucléaire des
Soviétiques lors de la guerre des Six jours), ils affirment
que celle-ci est la conséquence d’une intrigue du
Politburo soviétique visant à éliminer les installations
nucléaires israéliennes de Dimona et, avec elles, les
intentions d’Israël de développer des armes nucléaires.
Toutefois,
au lieu d’agir directement, Moscou concocta un projet
complexe destiné à inciter les Israéliens à engager une
guerre qui se terminerait par une attaque soviétique contre
Dimona. « Il est également très révélateur
d’apprendre que les avions soviétiques de reconnaissance,
MiG-25 (les Foxbats du titre de l’ouvrage) survolèrent
directement le réacteur de Dimona, en mai 1967 », écrit
Daniel Pipes dans ce qu’il propose comme traduction de
l’ouvrage. Mais quel impact sur l’Union soviétique
aurait pu avoir la possession d’armes nucléaires par Israël
? La thèse semble alors peu plausible. Ainsi, Qadri Saïd,
chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques
(CEPS) d’Al-Ahram et ancien militaire, réfute cette thèse
simplificatrice à l’excès, à ses yeux. « En attaques
militaires, comme en politique, même ce qui peut parfois
sembler être la folie est en dernière analyse dicté par
une logique objective.
Pour
comprendre pourquoi la guerre de 1967 a eu lieu, il faut
commencer par étudier ses origines historiques et les événements
qui l’ont précédée au Moyen-Orient », explique-t-il.
Appuyé sur les analyses de l’éminent journaliste et
historien Hassanein Heykal, il décrit la guerre de 1967
comme le résultat de dynamiques internes en Israël et
d’autres propres au monde arabe. Le poids des mots reste
important. L’escalade d’une politique et d’un langage
arabes visant au premier plan à restaurer les droits
palestiniens a semblé antinomique à l’existence d’Israël.
En
avril et mai 1967, des observateurs soviétiques ont affirmé
avoir noté une mobilisation militaire aux frontières de la
Syrie qui augure d’une attaque imminente contre cette
dernière. Nasser a dès lors dépêché des experts
militaires pour juger cette situation, qu’ils ont catégoriquement
démentie. Mais les Soviétiques persistaient à corroborer
l’idée d’une attaque en préparation par Israël contre
la Syrie. D’un autre côté, Israël envisageait tous les
scénarios de guerre et y était préparé.
Le
15 mai 1967, l’inquiétude s’accroît avec le défilé
militaire israélien à Jérusalem, contraire aux
armistices. Alors, Le Caire place, le 17, ses troupes en état
d’alerte, et le 18, réclame le retrait des observateurs
des Nations-Unies de Charm Al-Cheikh et de Gaza, dont les
troupes égyptiennes prennent possession le 21. Le
lendemain, Nasser décrète la fermeture du Golfe de Aqaba
aux bateaux israéliens. A Jérusalem, où Menahem Begin
entre pour la première fois au gouvernement, on considère
comme un casus belli le ralliement au pacte militaire égyptien-syrien
de la Jordanie et de l’Iraq et les voix des pro-guerres
deviennent de plus en plus élevées.
Dès
le lendemain, Israël lance une attaque fulgurante qui se
solde par une victoire écrasante sur les Arabes. « Bien
que fervent défenseur du raïs, Heykal attribue la
responsabilité de la défaite à Nasser, arguant qu’il
s’est laissé entraîner par une propagande et une
pression arabes, en contradiction avec la réalité sociale
et politique dans la région », note Qadri Saïd. D’après
un article de Chris Marseden et David North publié par le
Comité international de la Quatrième internationale sur le
World Socialist Website, en prétendant être un Etat
faible, forcé à défendre ses frontières, Israël a occupé
des terres appartenant à la Jordanie, la Syrie et l’Egypte.
Amina
Hassan
Al-Ahram
Weekly